Sabotages contre le nucléaire et son monde

Si la lutte contre le nucléaire et son monde n’a plus la même force que dans les années 60 et 70, on note pourtant dans plusieurs régions qu’il y a des luttes en cours contre des matérialisations du monde irradié. On pense notamment à la résistance aux transports de déchets nucléaires en Allemagne et en France, à la lutte contre la construction de nouvelles lignes à haute-tension en Normandie (France) et en Catalogne (Espagne). Si ces luttes vont souvent de pair avec des actions directes et des sabotages, le nucléaire n’est pas non plus toujours laissé en paix ailleurs. Nous en avons répertorié quelques exemples récents.

Catalogne (Espagne), juillet 2014. Dans une lettre, des opposants à la ligne à haute-tension MAT, qui reliera les centrales nucléaires françaises avec le marché énergétique d'Espagne et du Maghreb, rendent public de nombreuses actions diffuses et variées qui ont eu lieu pour saboter les travaux en cours. Destruction et sabotage de grues, de bulldozers, d'excavatrices et de véhicules tout-terrain des entreprises qui effectuent les travaux, blocage des routes menant aux chantiers, déboulonnage des pylônes en construction,…

Bessines-sur-Gartempe (France), avril 2014. Le musée de la Mine, propriété d’AREVA, multinationale française du secteur nucléaire, est touché par un incendie nocturne. Ce musée a précisément été installé là où l’AREVA a exploité pendant des décennies une mine d’uranium. L’action intervient aussi après une énième découverte d’irradiation dans la région. Déjà un an auparavant, le 12 juillet 2013, jour de l’ouverture au public du musée de la Mine, un train habituellement utilisé pour le transport de conteneurs d’uranium appauvri destinés à être stockés à Bessines avait déraillé à Fromental, une commune située à proximité. Une éclisse, pièce métallique reliant deux rails, avait été délibérément enlevée, et le sabotage revendiqué par des antinucléaires.

Contentin-Maine (France), décembre 2013. Des sabotages de pylônes en construction sont revendiqués : «  Electricité de France (EDF) érige une nouvelle ligne THT (Cotentin-Maine) en vue d’écouler l’énergie du futur réacteur « EPR » de Flammanville. Ceci marque la poursuite du programme nucléaire français. Nous nous y opposons, agissons et le sabotons en son point faible, son réseau de distribution. Il y a quelques jours, plusieurs pylônes de la ligne ont été déboulonnés. Tant que le nucléaire s’étendra, nous saboterons. »

Saint-Mihiel (France), octobre 2012. Trois portes d’un barrage de régulation de la Meuse ont été sabotées. 40.000 m3 d’eau se sont vidés, laissant deux bateaux de plaisance sur le flanc et faisant une vague de deux mètres de haut. Le ou les saboteurs ont dévissé les flexibles d’huile des énormes vérins hydrauliques qui commandent deux des trois portes du barrage. Après réparation, le niveau d'eau est revenu à la normale. La Meuse est particulièrement surveillée parce que ses eaux en aval servent notamment au refroidissement de la centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes, qui doit être stoppée dès que le débit n’est plus assez important.